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LUZINCOURT Adrien

14 mai 2006

HISTOIRE D' HAITI

1.   Histoire d’Haïti

Par Luzincourt,  Fradelais Adrien

Docteur en sociologie

L’île d’Haïti était habitée par les Indiens  dont la communauté primitive se désagrégeait progressivement à l’arrivée de Christophe Colomb. La situation de cette île Quisqueya, devenue Hispaniola ou Petite Espagne, allait vite dégénérer. Les conquistadors imposèrent aux Indiens un système esclavagiste qui se solda par le génocide de la population indigène. Ces indigènes étaient des Indiens, pour la plupart « Taïnos » de culture « Arawak »  Venus au début de l’ère chrétienne des côtes du Vénézuéla, ils avaient conquis puis assimilé les indiens d’origine, en majorité des « Ciboneys » qui peuplaient ces îles de la Caraïbe. D’autre part, vers la fin du XVe siècle, les Caraïbes, Indiens belliqueux, se seraient emparés de la partie Est de l’île.

Cette population indigène ne portait aucun vêtement ; seules les femmes mariées revêtaient un cache sexe ou une jupe de coton. A l’occasion de certaines cérémonies, les indiens se barbouillaient le corps de peinture rouge d’origine végétale ou minérale et dessinaient des figures « géométriques » de couleur noire ou blanche.

Les Taïnos, petits et trapus, de teint foncé, utilisaient souvent divers ornements, amulettes, colliers et bracelets  de coquillages, d’or, de coton ou d’os qu’ils portaient aux chevilles, aux poignets, aux bras. Les amulettes de pierre taillée ou de terre cuite dont ils s’entouraient le cou avaient pour but d’attirer le bon sort tout en les protégeant des mauvais esprits. Cheveux noirs et longs, généralement bien peignés, les Taïnos avaient une vision esthétique qui les portait à vouloir déformer la tête des enfants en y posant un bandeau. Ils vivaient dans des cases faites de planchettes de bois de palme maintenues par des cordes avec une toiture de feuille ou de paille. Cependant, les privilégiés, surtout les responsables ou caciques, habitaient dans des maisons d’un style particulier appelées bohio. Ces Indiens organisaient leur communauté surtout au voisinage des côtes ou à proximité des rivières. Les ajoupas s’agençaient autour des batteys, sorte de places centrales qui servaient aussi bien de marchés que de lieux publics et où se déroulaient jeux et fêtes. Ces ajoupas abritaient un mobilier discret, souvent réduit à un hamac de fibres de coton. Quelques récipients culinaires en terre cuite, très artistiques, servaient pour les cérémonies religieuses ou funéraires. Chez les bohios, on notait en plus un petit banc en bois ou une pierre taillée, le dujo, utilisé par les caciques et les notoriétés pour les cérémonies ou les fêtes qu’ils organisaient.

A leur arrivée, les Espagnols imposèrent aux indigènes, sans bien sûr tenir compte de leur ethnie, un système esclavagiste. Mais dès 1494, Caonabo, cacique de la sierra du sud, se lançait dans une lutte acharnée contre les occupants qui, en 1496, fondèrent la ville de Santo Domingo. D’autres caciques (comme Guarionex dans le Managua) étendirent les foyers de résistance alors que l’Espagne, en 1502, confiait au gouverneur Frey Nicolas de Ovando la triste mission de pacifier l’île : guerre et travaux forcés aboutirent au génocide. Vers la deuxième partie du XVIe siècle, la population indigène est décimée en un nombre insignifiant. C’est alors que le père Frey Bartolomé de Las Casas, sous le fallacieux prétexte de sauvegarder les Indiens, préconisa l’esclavage en demandant la traite des noirs : «philanthropie» de myopes qui, on le sait, sous couvert d’impératifs économiques inhumains, refuse à l’esclave, indépendamment de toute une considération de race, la dignité même d’homme.

L’organisation socio-politique des Taïnos paraissait s’articuler autour de trois groupes sociaux:

1- Les couches privilégiées constituées par les caciques, des nobles et des patriarches, formaient avec leurs serviteurs deux groupes minoritaires par rapport au peuple. Ces privilégiés ou Nitaïnos possédaient une situation  socio-économique telle qu’ils pouvaient entretenir plusieurs foyers. Les caciques avaient la responsabilité de l’organisation politique, sociale et économique de leur région ou caciquats. Ils exerçaient un pouvoir absolu et contactaient les autres Taïnos qui servaient d’intermédiaire entre les caciques et le peuple. Le pouvoir semble être héréditaire et transmis dans la ligne maternelle, ainsi, parfois, on a vu certaines femmes assumer la responsabilité d’un caciquat. Dans la Quisqueya, on comptait cinq caciquats ou petits royaumes gouvernés chacun par un cacique qu’assistaient au niveau de la région, des sous-caciques.

2- Les serviteurs ou Naborias étaient originaires, selon plusieurs historiens, des tribus d’origine, les Ciboneys qu’avaient vaincus les Taïnos.

3- Le peuple était constitué de divers groupes qui subvenaient eux-mêmes à leurs besoins, grâce aux activités agricoles des femmes et des enfants, à la chasse et à la pêche et enfin à l’artisanat.

Il faut ajouter aussi les guérisseurs qui se recrutaient parmi les principaux personnages du village, les Nitaïnos, pour qui les obligations religieuses et l’utilisation médicinale des plantes représentaient un véritable sacerdoce. Ils jouissaient d’une position sociale confortable.

Ainsi vivait la population indigène de l’île d’Haïti au moment de l’arrivée des Espagnols en décembre 1492. Par la suite, l’île sera la proie des puissances européennes qui y déploieront une concurrence acharnée pendant que les aventuriers, les flibustiers, y tenteront leur chance. Quant aux Indiens décimés, ils seront vite remplacés par des esclaves noirs que le traité, dès 1517, fournit aux colons. Clans et nations s’y affrontant sans cesse, l’Espagne ne pouvait garder à elle seule l’Hispaniola et a décidé, par le traité de Ryswick de 1697, de concéder à la France le tiers occidental de l’île. Partie gagnée mais non sans peine pour les Français qui donnèrent à leur nouvelle colonie le nom de Saint-Domingue dont les frontières furent ensuite fixées par le traité d’Aranjuez de 1777.

1.1.                   Colons et esclaves noirs

Les premiers colons espagnols, après avoir dépossédé les indigènes, les réduisirent à l’esclavage en vue d’exploiter notamment les importantes mines d’or d’Hispaniola, la petite histoire rapporte que les visiteurs, en échange de leur pillage, avait fait don à la population indigène des épidémies de variole

Par la suite, les noirs furent enlevés d’Afrique avec la complicité des responsables locaux, rémunérés en nature par les négriers. A leur arrivée dans l’île, les mines étaient épuisées, ils furent surtout utilisés comme esclaves agricoles. Ils venaient pour la plupart de la région du golfe de Guinée et la diversité des ethnies constituait un « melting pot » dont les dominantes étaient béninoises ou guinéennes.

C’est dans cette Hispaniola en pleine mutation que les flibustiers français se lancèrent à l’aventure : ils prirent comme repère l’île de la Tortue et de là, appuyés par les puissances européennes en quête de nouvelles colonies, harcelèrent les Espagnols. Les boucaniers français de la petite île de la Tortue, bien située par rapport à Cuba où transitaient les marchandises espagnoles, s’installèrent sur la terre d’Hispaniola. Menant leurs activités agricoles sur cette partie occidentale, ces boucaniers ont donné à la France le prétexte à l’occupation en acculant l’Espagne au traité de Ryswick qui leur concédait officiellement la partie occidentale de l’île, Saint-Domingue (1697). Chaque classe sociale va prendre une direction différente et la présence de castes au sein de ces classes va accomplir encore le problème haïtien.[1] La classe des affranchis regroupait par exemple des affranchis mulâtres nés libres d’un colon et d’une négresse, des affranchis noirs qui avaient reçu leur liberté comme cadeau de leur maître ou qui l’avaient acheté - ce qui suppose des économies réalisées à force d’exercer des tâches subalternes mais lucratives et réservées à une minorité d’entre eux.

On aboutit alors à la fin du XVIIIe siècle, à une structure sociale qui portait en elle les germes de sa destruction brutale.480 000 esclaves peinaient  sous le contrôle de 40 000 blancs et, entre ces deux classes, 30 000 « libres », esclaves affranchis ou mulâtres, prenaient peu à peu de l’importance dans le commerce, l’artisanat, les professions libérales, et même les plantations où ils étaient eux aussi de grands propriétaires d’esclaves. Quant aux esclaves, plus d’un tiers d’entre eux étaient « bossales », c’est-à-dire nés en Afrique, par opposition aux esclaves créoles nés dans la colonie. Ces bossales qui contribueront à former le peuple de la future république d’Haïti étaient bien évidemment, les plus misérables des esclaves. Analphabètes, parlant des langues africaines incompréhensibles, ignorant tout des techniques et modes de leurs maîtres, abrutis par l’angoisse de la captivité et de l’exil, ils n’étaient bons  qu’à planter et à couper la canne à sucre sous le fouet des commandeurs. (notes de bas page)

1.2.                   La lutte des indiens et des noirs enlevés d’Afrique contre l’esclavage

En débarquant dans le Nord Ouest de l’île, les Espagnols ont été très bien reçus par les indigènes. Mais devant la dégradation des conditions  de ces derniers, ils se jetèrent dans la lutte anti-esclavagiste. Caonabo, cacique d’origine guerrière,   fut  le   premier   à   organiser   une   riposte  de   masse  :  mais  le commandant  espagnol Ogéda le neutralisa après l’avoir enlevé et déporté par la ruse. En Espagne, le civilisateur fit mourir à petit feu ce vaillant cacique, suivi bientôt par d’autres dans ce chemin de la liberté ou de la mort.

Les caciques et les indigènes ont été contraints à de lourds travaux forcés par les Espagnols. Le cacique de la Magua, Guarionex, entama une lutte inégale avec l’Espagne mais la sauvagerie le contraignait à se réfugier chez son ami, le cacique Mayobanex. En 1502, le commandant espagnol intensifia la lutte contre les foyers de résistance et se chargea d’éliminer Anacaona que certains Espagnols avaient dénoncé comme conspiratrice. Pourtant cette femme réputée pacifique versait régulièrement ses tributs ; à la demande de Ovando, elle avait même organisé une grande manifestation à l’endroit des Espagnols qui en profitèrent pour massacrer lâchement la population et arrêter le cacique  qui fut exécuté après un simulacre de procès. Le cacique Cotubanama et les indigènes de Higuey se révoltèrent, mais sans grand succès puisque les survivants et leur chef durent s’exiler sur la petite île de Saona  où Cotubanama poursuivi, fut capturé et  exécuté publiquement. Quant au cacique Enriquilo, indigné par le comportement des conquistadors, il fortifia sa propriété située sur les hauteurs de la cordillère de Bahoruco et organisa avec quelque succès une rébellion, puis se fixa dans une région « libérée » où il vécut jusqu’à sa mort avec les derniers surveillants de la lutte anti-esclavagiste. De plus, nombreux étaient les indigènes qui préféraient la mort à une vie de travaux forcés.

D’un autre côté, les noirs enlevés d’Afrique manifestèrent leur volonté de mettre fin au système esclavagiste. Ainsi, dès leur embarquement, certains choisissaient de se suicider tandis que d’autres se révoltaient durant la traversée. A Saint-Domingue, des mères tuèrent même leur nouveau-né pour leur éviter les souffrances que les autres membres de la famille enduraient dans les plantations.

Tandis que les noirs et les indigènes se battaient, les autres catégories sociales de la colonie ne s’étaient préoccupées que d’arriver à un compromis acceptable avec la métropole sans pour autant perdre les avantages du système esclavagiste. Les affranchis, fils de négresse, n’ont-ils pas bien fait comprendre aux noirs qu’ils « ne luttaient que pour une classe d’hommes libres » alors même que numériquement faibles, ils étaient tenus d’utiliser des noyaux d’esclaves pour imposer aux colons quelques concessions ? Ainsi n’ont-ils pas hésité à remettre aux forces répressives coloniales ces esclaves turbulents qui pensaient utiliser ces revendications d’affranchis pour faire d’une pierre deux coups. Le massacre des noirs, après la signature du concordat entre blancs et affranchis, en est un exemple parmi tant d’autres.

Les esclaves noirs révoltés remettaient en question non seulement leurs conditions de vie inhumaines, mais aussi toutes les structures du système. Nombreux furent à fuir leur plantation revenant la nuit pour s’approvisionner. L’extension de ce phénomène, le marronage, en fit une forme de lutte armée localisée et mobile, le foquisme. Deux de ces mouvements armés méritent attention : le mouvement Makandal et l’insurrection du Bois Caïman.

Le premier mouvement de 1757 fanatisait les esclaves qui croyaient immortel Makandal, un esclave marron ; ils organisèrent sous sa direction diverses incursions primitives. Makandal, capturé, les autorités françaises, comme jadis celles de l’Espagne, l’immolèrent publiquement par le feu.

Plus importante et mieux organisée fut l’insurrection des esclaves du nord en août 1791. Boukman qui était le principal chef des esclaves avait célébré une grande cérémonie vaudou et avait lancé une vaste offensive armée en incendiant les plantations et massacrant les colons. Les commissaires Sonthonax et Polvérel ont profité de ce désarroi général et utilisé la révolte des esclaves pour résoudre les contradictions internes de la colonie. Ils proclamèrent l’abolition de l’esclavage le 29 août 1791

La multiplicité des conflits entre les classes sociales de la colonie rendait pratiquement impossible toute ébauche de gouvernement, l’économie de Saint-Domingue périclitait, la prospérité de 1789 n’était plus qu’un rêve. Après l’abolition de l’esclavage, la société évolua vers un colonialisme féodal qui annonça pour Saint-Domingue la phase finale de la guerre de l’indépendance.

1.3.                   La guerre de l’indépendance

A partir de 1791, Saint-Domingue était très mouvementée. D’un côté, la classe des blancs, perturbée par l’acharnement de ceux qui plaidaient pour l’autonomie, tentait de se défaire de la métropole devenue trop gênante avec ses idées révolutionnaires, dont l’écho remettait en cause les intérêts des colons. Des petits blancs, socialement inférieurs aux affranchis se battaient comme ces derniers pour l’égalité des droits civiques et politiques avec les grands planteurs blancs. Les esclaves noirs de plus en plus conscients des idées nouvelles, luttaient avec détermination pour l’abolition pure et simple de l’esclavage.

Des semaines avant la révolte générale d’août 1791, les colons tentèrent de mettre en place de nouvelles structures politiques, ce qui entraîna l’opposition farouche des autorités coloniales nommées par la métropole. Les affranchis, de leur côté, systématisèrent leurs luttes pour obtenir l’égalité civique et politique avec les colons. En février 1791, Vincent Ogé et Jean-Baptiste Chavannes tentèrent de prendre la direction d’un mouvement insurrectionnel d’affranchis, mais la défaite les conduisit à revoir leurs conceptions de classe « n’ayant rien à faire avec les esclaves » Une nouvelle offensive regroupa alors esclaves et affranchis et obtint des succès hélas vite remis en question par les rivalités intestines. Toussaint Louverture, qui est l’un des principaux révolutionnaires à cette époque, naviguant d’une puissance rivale à l’autre, s’efforçait de mettre un terme à l’esclavage. Avec lui, les troupes françaises obtinrent le ralliement d’autres maquisards noirs autrefois au service de l’Espagne et en profitèrent pour reconquérir certaines régions. En 1795, les troupes dirigées par Toussaint chassèrent les Anglais de l’île alors que le traité de Bâle (juillet 1795) cédait à la France la partie orientale de l’île que détenait depuis toujours l’Espagne.

En avril 1796, Toussaint a été nommé commandant en chef par le directoire parce qu’il faisait tout ce qui était en son pouvoir pour être au service de la France. Toutefois, la destruction des moyens de production au cours du mouvement insurrectionnel et la disparition d’une main d’œuvre gratuite, conduisaient le pays dans une impasse. Sonthonax promulgua alors une loi agraire (1793-1794) qui fixait un système de « cultivateur portionnaire » Cette décision apparut vite difficilement applicable ; en effet, les gens de couleur du sud de l’île occupaient les plantations et maintenaient encore l’esclavage. Plus tard, Toussaint expulsa le commissaire Sonthonax et proposa une nouvelle constitution - celle de 1801 - qui prônait un système féodal caporalisé, dans le but d’éviter la désertion des plantations. C’est dans cette atmosphère qu’éclata la guerre du sud, opposant les troupes de Toussaint (nord) aux gens de couleur du sud qui avaient fait de leur péninsule une région autonome. C’est en pacifiant le sud que Toussaint allait être confronté à la conspiration des frustrés de 1791. Réfugiés en France, ils préparaient un retour offensif des troupes françaises : ce fut le rôle de l’expédition Leclerc, forte de 40 000 hommes. Toussaint, déporté en France, se laissera mourir au fort de Joux, dans le froid du Jura le 7 avril 1803. Quant à l’armée louverturienne, déstabilisée dans un premier temps, elle fut par la suite consolidée à l’Arcahaie, le 18 mai 1803, après que les divers leaders eurent créé un front uni symbolisé par le drapeau haïtien, bleu et rouge ; la direction en revenait au général Jean Jacques Dessalines. La lutte de libération normale était lancée. Le 18 novembre 1803, après une lourde défaite au fort de Vertières, les troupes françaises du général Leclerc capitulèrent. Le 1er janvier 1804 était proclamée l’indépendance de la république d’Haïti, avec Dessalines pour président. Quelques mois après il se faisait nommer empereur. La lutte de libération nationale était lancée. Le 18 mai 1803, divers leaders avaient créé un front uni symbolisé par le drapeau haïtien, bleu et rouge. Il succomba dans une embuscade tenue par ses frères d’armes le 17 octobre 1806.

Le drame du Pont Rouge, 17 octobre 1806, conduira le pays à la scission : un royaume du nord gouverné par le général Henri Christophe et une république de l’ouest présidée par le général Alexandre Pétion. Comme vous le voyez, la mort de Dessalines n’était pas un banal assassinat mais exprimait bien le profond malaise qui régnait à l’époque et que l’on ne saurait réduire à une simple question sociale ou régionale comme tentent de le faire actuellement encore les historiens du pouvoir. De plus, malgré l’indépendance, l’Espagne gardait toujours sa main-mise sur la petite orientale, laquelle ne tarda pas à être l’objet de campagnes militaires haïtiennes. A cette époque, il y a de graves crises économiques. Aucun projet révolutionnaire n’ayant été convenablement élaboré, le simulacre de l’indépendance représentait cette fin qui rend difficile tout éveil véritable de la conscience nationale. Le désir de s’emparer à titre individuel des anciennes propriétés poussa impulsivement au massacre des Français en dépit de l’article 12 de la constitution impériale qui stipulait que : « toute propriété qui aura ci-devant appartenu à un  blanc français est incontestablement et de droit confisquée au profit de l’Etat » (1805).

1.4.                   La dette de l’indépendance

Après l’indépendance de Haïti, le pays fut victime d’ostracisme de la part de toutes les nations. En un temps où l’esclavage était admis par la communauté internationale, les Haïtiens avaient donné le « mauvais exemple » d’une révolte qui réussit. La France de Charles X ne consentit à reconnaître l’indépendance qu’en 1825 et contre l’engagement du paiement d’une indemnité de 150 millions de francs. L’indemnité fut ensuite ramenée à 90 millions par le gouvernement de Louis Philippe, en 1838, mais elle représentait encore 6 à 8 ans des revenus budgétaires de l’Etat ; elle fut l’une des causes du sous-développement du pays. De même, les Etats-Unis  tardèrent jusqu’en 1862, c’est-à-dire jusqu’à la guerre de Sécession, pour reconnaître le gouvernement haïtien. Auparavant, les élus politiques des Etats du Sud , la plupart propriétaires d’esclaves, n’auraient pu accepter que la capitale fédérale acceuillît comme ambassadeur un ancien esclave révolté. Quant au Vatican, il ne consentit à signer un concordat avec Haïti qu’en 1860, bien que la République eût toujours donné dans ses constitutions la position de religion d’Etat au catholicisme romain.

Haïti fut incapable de payer la dette sur ses propres ressources la dette de l’indépendance dans les délais convenus. On dut alors recourir aux emprunts extérieurs pour payer la dette, mais aussi pour assurer un fonctionnement minimal des services publics  et régler les frais des  innombrables « révolutions » et prises d’armes.

Ce fut alors au tour des banquiers français d’être du banquet  après que les descendants des anciens colons eurent partagé les 90 millions de l’indemnité.[2].

Se succèdent plusieurs emprunts  placés sur le marché parisien, tous plus scandaleux les uns que les autres . Haïti, souscrivit  successivement :

- un emprunt de 36,5 millions de francs en 1875

- un deuxième emprunt de 50 millions de francs en 1896

- un troisième emprunt de 65 millions de francs en 1910

Tous ces emprunts portaient intérêt et étaient garantis par un prélèvement sur les droits d’exportation du café dont la France était le principal importateur.

Et comme la France achetait le café au cours mondial, c’est le paysan producteur qui supportait l’intégralité du fardeau du remboursement des emprunts.

Mais le gouvernement haïtien était loin de percevoir ce sommes que pourtant il s’engageait à rembourser intégralement et avec intérêt. Par exemple, l’emprunt de 1910 ne rapporta que 40 millions. La différence de 25 millions servit en partie à engraisser divers intermédiaires occultes français et haïtiens, à faire bénéficier les souscripteurs d’une « prime de risque » d’un montant total de 7 475 000 francs et, pour le surplus, constitua un supplément de bénéfice pour la banque de l’Union Parisienne. (Le siège de la banque de l’Union Parisienne était situé 7 rue Chauchat, Paris 9e, immeuble occupé par le crédit du Nord).

Les gouvernements haïtiens tentèrent de se protéger contre cette mainmise économique. En particulier, reprenant régulièrement dans chaque constitution la disposition introduite par Jean-Jacques Dessalines dans la constitution de 1805, ils prohibèrent toute propriété immobilière aux étrangers. Mais chaque médaille a son revers. Beaucoup de commerçants étrangers, allemands principalement ainsi que quelques Français, épousèrent les filles de la bourgeoisie pour commercer librement, sans la contrainte  d’un loyer et du contrôle d’un propriétaire. On allait alors s’enrichir une communauté interlope dont les membres réclamaient et souvent obtenaient le secours de leurs ambassades d’origine, au besoin par le moyen de l’envoi d’une canonnière devant Port-au-prince, chaque fois qu’ils avaient un différend avec la police ou avec les douanes haïtiennes. Et chaque fois, le gouvernement haïtien dut céder[3]. A tous les points de vue, Haïti a payé très cher son indépendance.

Pourtant, le régime français demeurait le seul refuge pour une classe politique agissant au coup par coup. La motivation fondamentale de nos dirigeants, hier comme aujourd’hui, a toujours été de s’approprier les biens de la république. Pour les affranchis qui jadis ne luttaient que pour un statut d’égalité, tuer les Français leur accordaient  des droits légitimes propres à les rendre économiquement intouchables. Les noirs, ceux-là même qui se retrouveront plus tard membres de l’élite d’Haïti, convoitaient bien la fortune des Français que comme le demandait le général Boisrond Tonnerre, l’auteur de l’acte de l’indépendance - leur peau pour parchemin, leur sang pour encre, leur crâne pour écritoire et une baïonnette pour plume. La lutte des clans politiques, indépendamment de toute considération raciale, fera de l’état l’affaire d’un petit groupe assouvissant de bas instincts. La mobilisation des masses - de la chair à canon pour ceux qui ont pris goût au plaisir du pouvoir - permettra au successeur de Pétion et de Christophe de réunifier toute l’île. Le président Boyer n’a pas échappé à ce style de gouvernement alternant l’autoritarisme borné et le « laisser-faire » administratif. La crise économico-politique portant au devant de la scène politique un mouvement dit «national» qui canalisait le mécontentement populaire après un quart de siècle de boyerisme et allait bénéficier du départ en exil du général Boyer en 1843. Auparavant, les citoyens de la partie orientale, traités comme des vaincus, s’étaient révoltés et avaient proclamé l’indépendance de la république Dominicaine (Février 1844) sous le nouveau gouvernement de Rivière Hérard.

L’année de la chute de Boyer a été celle de la grande insurrection des paysans du sud sous la direction de Jean-Jacques Acaau. Cette armée souffrante lancée dans une guerre d’usure a été durement réprimée, après une lutte qui dura de 1843 à 1848. Là encore, l’absence de projet révolutionnaire acceptable est à l’origine de l’échec de ces paysans, pourtant longtemps mobilisés puisqu’en 1867 le mouvement des piquets jacquerie du sud, renversait du pouvoir le général Geffrard, que le général Salnave remplaça. Ce dernier fut deux ans plus tard (1869) par le mouvement Caco (jacquerie du nord) qui, après avoir saccagé la capitale exécuter le général sur les ruines du palais national en décembre 1869.

En 1823, il y avait la doctrine de Monroe qui clamait haut et fort « l’Amérique aux Américains » et progressivement, Haïti allait s’acheminer vers l’occupation américaine sous prétexte comme toujours et partout, de l’instabilité économique et politique, «instabilité» provoquée par l’Amérique elle-même pour justifier son intervention. Dès le XIXe siècle, les Etats-Unis manifestèrent leur désir d’hégémonie sur certaines parties du territoire. En 1906, puis en 1910, des concessions pour la mise en place des voies ferrées - surtout celles de Mac Donald - exproprièrent la paysannerie. C’est vers cette époque (1910-1915), ils ont mis  les moyens  afin de prendre le contrôle de l'économie. En 1914, un commando de marines, débarquant à Port-au-prince s’empara de toutes les liquidités de la banque nationale qui s’élèvent à plus de 500 000 dollars environ.

Entre-temps, le peuple haïtien ne restait pas passif puisqu’en février 1911, les paysans du nord directement concernés par les concessions scandaleuses, déclenchèrent une insurrection férocement réprimée par le général Leconte (que l’on retrouve à la présidence du pays de 1911 à 1912. Le 29 juillet 1915, les « marines » américains débarquent sur Haïti et vont occuper le pays pendant 19 ans. Leur présence fut lourdement ressentie dans tous les domaines. En 1918, une nouvelle constitution abolissait le contrôle du droit de propriété immobilière des étrangers. La résistance haïtienne sous la direction de Charlemagne Péralte et de Benoit Batraville, constamment réprimée par les « marines », dura de 1916 à 1920. Nombreux furent les patriotes qui y laissèrent leur vie, dont Péralte qui fut capturé puis fusillé en octobre 1919. Ce mouvement essentiellement paysan, repris par Batraville dans le nord, fut bientôt vaincu au prix des massacres et d’internements au camp de Chabert, entre autres. L’année 1929 notamment marquera un épisode représentatif de la violence des occupants qui massacrèrent la population de machaterre, soit des dizaines de paysans des deux sexes et de tous âges.

Pendant cette occupation, les concessions aux monopoles nord, américains ont été très importants et expliquent pourquoi, en 1934, la présence virtuelle des « marines » n’était déjà plus nécessaire : il y avait « haïtianisation » de l’occupation américaine. L’armée haïtienne dissoute a été remplacée par une gendarmerie fabriquée sur mesure. L’évolution de cette situation conduisait le pays à une période de flottement dont le Duvaliérisme allait être l’aboutissement logique.[4]

1.5.                   Période de Duvalier 1957 - 1986

Elu pour six ans – avec un mandat qui devait prendre fin en 1963, le président François Duvalier réussit à se faire nommer président à vie avec le droit de choisir son successeur. A sa mort survenue en avril 1971, son fils Jean Claude Duvalier lui a succédé en s’octroyant les mêmes titres et les mêmes pouvoirs. Le nouveau président parvint à se maintenir à la tête de l’état érigeant sa logique de domination et de satisfaction de ses intérêts en principe de légitimité et en rationalité continue du pouvoir.

Ce dernier se manifestant dans les espaces sociaux reposait sur des structures bien définies et assurait les équilibres multiples de l’ordre étatique et l’unité du pouvoir. Face aux forces d’opposition, le régime a su résister, affirmant de plus en plus sa puissance. Il en est résulté une suppression presque entière des libertés individuelles et un climat de terreur marqué surtout par l’arbitraire des responsables politiques et la répression aveugle. Quant à la situation socio-économique, loin de s’améliorer, elle s’est aggravée comme le montre l’accroissement considérable des paramètres du sous-développement. Depuis 1957, la réalité sociale a donc connu un visage particulier qui étonne.

Le gouvernement des Duvalier aura duré vingt neuf ans. Au cours de cette longue période, la bourgeoisie duvaliériste a érigé ses intérêts en buts dominants : détention continue du pouvoir, accumulation de richesses et jouissance de privilèges multiples.[5] Cela ne va pas sans de profondes contradictions, quand la satisfaction de ces intérêts engendre, d’un même mouvement l’assujettissement  de la majeure partie de la société, et son maintien dans un état de pauvreté absolue et une situation de révolte latente.

Contrairement aux périodes d’avant 1957, le renversement du chef de l’état n’est pas dû uniquement aux conflits d’intérêts existant au sein de la classe dominante ou entre celle-ci et certains milieux petits-bourgeois, mais aussi et surtout à une lutte mettant en présence les classes les plus pauvres (prolétariennes et paysannes) et le groupe au pouvoir (alliance bourgeoise)[6]. Ceci explique en partie l’absence, au niveau de cette classe dominante et des milieux petits bourgeois, d’une direction de l’opposition (antiduvaliériste) qui eût pu prendre le pouvoir au départ du dictateur.

Dans l’explosion généralisée de la contestation qui a suivi le 7 février 1986[7], la population a créé elle-même son propre espace démocratique : liberté totale de la presse, manifestations fréquentes, formation d’un grand nombre d’organisations populaires, syndicales et professionnelles. Mais il ne s’agit que d’un espace limité et fragile, car beaucoup de lois répressives restent encore en vigueur. Ceci dit les événements tels qu’ils se déroulent en ce début de 1986 présentent un peuple qui ne veut plus être un objet sur la scène politique, mais acteur du changement démocratique et progressiste pour lequel il se bat.

1.6.                   Le pouvoir au peuple

En 1983, le peuple haïtien entama une intense activité politique contre la dictature de Duvalier. Ce fut une lutte contre « les tontons macoutes » et Duvalier lui-même. Une période nouvelle pour une nouvelle génération s’annonce. Cette génération se trouva dans les quartiers pauvres pour alphabétiser, aider, défendre les paysans et ouvriers écrasés par la misère, et aussi pour se défendre contre le pouvoir arbitraire des propriétaires de biens (grandon.)  Finalement, le 7 février1986, en raison de grandes manifestations et de grèves, Jean Claude Duvalier, fils de François Duvalier quitta  le pouvoir pour se réfugier en France. On vit de grandes manifestations de joie pour la nouvelle situation. Malheureusement, en partant les dictateurs laissèrent Haïti dans l’état du pays le plus pauvre de l’hémisphère occidental[8].

1.7.                   L’après Duvalier

C’est la première fois de son histoire que le peuple haïtien participe à des élections libres et démocratiques pour désigner les représentants au sommet de l’Etat. C’est ainsi en 1990, tous ceux qui voulaient que la situation change à Haïti votèrent pour Jean Bertrand Aristide. Plus de 67% de la population. Et c’était la victoire du « mouvement  lavalas »[9] qui n’était autre que celle de la majorité pauvre sur la minorité dominante.[10]

Ainsi dès la formation du gouvernement, un malaise est apparu au sein du «Mouvement Lavalas» du fait qu’il n’existe aucun ministre du Front National pour le Changement et la Démocratie (FNCD), alors que ce dernier réclame sa présence au gouvernement comme condition au renforcement de l’alliance. Chose qui n’a pas été faite pendant le gouvernement de René Préval. Cette situation n’est pas sans conséquences sur les relations entre l’exécutif et le législatif où les parlementaires du FNCD[11] ne sont pas toujours d’un ferme soutien au gouvernement. Finalement, le 30 septembre1991,  les militaires, avec à leur tête Raoul Cédras, chassèrent Aristide du pouvoir. Depuis lors, les militaires et les tontons macoutes (hommes de main) assassinèrent plus de5000 personnes sans compter les enfants. C’était le crime contre l’humanité. Le président Aristide s’en alla au Vénézuela pour finalement se réfugier aux U.S.A. Comme on le sait, les putschistes, en particulier Raoul Cédras, doivent quitter Haïti. Ce sont eux qui sont responsables de ce crime odieux. Le président Aristide revient le 15 octobre1994 pour achever son mandat de cinq ans.

1.8.                   Jean Bertrand Aristide au pouvoir

Les années qui ont précédé puis celles qui ont suivi l’arrivée au pouvoir de Jean Bertrand Aristide ont fait naître une nouvelle génération de militants en Haïti. Celle-ci a connu la dictature, les tortures et les assassinats ayant eu raison de la génération précédente, la terreur que la racaille macoute[12] avait progressivement imposée à toute la population, le temps de la peur quotidienne où l’on se méfiait mutuellement.

Cette génération de militants a voulu passionnément un pays débarrassé de la dictature macoutique, la liberté politique, la démocratie.[13] Même si elle ne formulait pas son voeu de manière consciente et rationnelle, elle aspirait, plus ou moins confusément, à la fin des injustices sociales criantes, à une amélioration du sort matériel et moral de la majorité des pauvres du pays.

1.9.                   Le marasme total

Quelques années après l’arrivée au pouvoir de « Lavalas », force est de constater que cette ambition, somme toute modeste, n’a pas pu être réalisée. Au contraire, au lieu de sortir le pays du marasme dans lequel il se trouve, les « lavalassiens » ont conduit et conduisent notre pays dans le désespoir. Par une corruption systématisée et débridée, ils le ruinent. Puis à l’ombre du pillage organisé, la misère qui s’aggrave, les paysans pauvres ne parvenant plus à survivre dans les campagnes, gonflent cité Soleil (banlieue proche de Port-au-prince), cité Carton, les ravines ou tout simplement les trottoirs de Port-au-prince. Les entreprises qui ferment sur la zone industrielle où les salaires restent bloqués. Les familles qui ne peuvent pas envoyer leurs enfants à l’école, faute de moyens. La dégradation de ce qu’on pourrait appeler le service public. Bref, les Lavalassiens n’ont rien fait pour améliorer le sort des Haïtiens[14].

Après le passage de René Préval au pouvoir, Aristide revient pour une nouvelle fois au pouvoir à la suite d’une élection contestée par un regroupement de partis politiques du nom de convergence  démocratique le 26 novembre 2001.

En 2002, les élections législatives sont boycottées par les partis de l’opposition qui constatent des irrégularités et de la fraude.

Depuis, les partisans du président Aristide et de son mouvement « lavalas » et ceux de l’opposition  s’affrontent souvent de façon violente. Assassinats, agressions, disparitions, arrestations arbitraires, se sont amplifiés créant un climat d’insécurité dans le pays.

Les organismes internationaux gèlent les fonds destinés à Haïti en raison des violations des droits de l’homme  dans le pays ; la misère s’accroît ; Aristide arme les bandes appelées « chimères » chargées de pourchasser et de maltraiter tous les opposants. Le plus emblématique d’entre eux, le journaliste Jean Dominique, est abattu devant sa station de radio qui porte le nom Radio Haïti inter.

La presse indépendante est harcelée ; Haïti vit à nouveau dans la terreur des bandes armées. Le 5 décembre 2003, des membres d’OP prolavalas, munis d’armes à feu, de pierres, de frondes et de bâtons ont attaqué des étudiants de l’institut national de gestion et de hautes études internationales (INAGHEI) et de la faculté des sciences humaines, dans l’enceinte de leur établissement respectif. Journalistes, professeurs, même le recteur de l’université M. Pierre Marie Paquiot, n’ont pas été épargnés par les partisans lavalas. Plusieurs étudiants ont été blessés par balles. La quasi-totalité des secteurs de la société civile réclame le départ d’Aristide ; des grèves sont réprimées dans le sang, Aristide est de plus en plus isolé.

Le 1er janvier 2004, c’était la célébration du bicentenaire de naissance de la nation haïtienne. Les manifestations officielles sont boycottées par les partis de l’opposition et la plupart des états. Le président sud africain M’Beki est le seul chef d’état présent à cette manifestation.

En février, des insurgés, conduits par l’ancien commissaire de police Guy Philippe, s’emparent de la ville des Gonaïves. Le pouvoir vacille ; l’anarchie et un désastre humanitaire menacent le pays. Les rebelles progressent vers la capitale Port-au-prince. A l’ONU (organisation des nations unies), la France demande le départ d’Aristide ; lâché par les USA, le président a laissé le pouvoir le 29 février 2004.

L’ONU adopte une résolution prévoyant la création d’une mission pour stabiliser Haïti. Des soldats de plusieurs nationalités,  ont pour objectifs le rétablissement de la sécurité et le retour de la justice. Après le départ d’Arisitide, le président de la cour de cassation d’Haïti, Boniface Alexandre, assure l’intérim en vertu  de la constitution. Un nouveau premier ministre, Gérard Latortue, est chargé de préparer des élections en 2005.

1.10.              Les élections présidentielles et législatives

Après plusieurs reports pour des problèmes techniques, le premier tour des élections présidentielles et parlementaires s’est tenu le 7 février 2006. . 1300 candidats se présentaient se présentaient aux élections pour 99 postes à la chambre des députés et 30 sièges au sénat.

Le Conseil Electoral Provisoire avait proclamé  René Préval président avec 51,21% des suffrages en décidant de distribuer les votes blancs au prorata des voies reçues  par les candidats afin de mettre un terme à une crise provoquée par des partisans de M. Préval qui réclamaient la confirmation de sa victoire aux urnes. Le candidat Lesly Manigat qui a dénoncé cette décision  qualifiée de « coup d’état électoral et forfaiture », a déposé une plainte  contre la décision du CEP pour violation de la loi électorale.

Toutefois, M. Manigat a indiqué à l’AFP qu’il ne contestait pas les résultats des élections.


[1] Revue Confluences de la cimade, 1996.

[2] La dette de l’indépendance ne fut soldée qu’en 1886.

[3] François Blancpain, Histoire d’une occupation, L’Harmattan, 1999.

[4] CHARLES E., Le pouvoir politique en Haïti de 1957 à nos jours, Paris, Kartala, 1994.

[5] LUZINCOURT A., A tous ceux qui refusent l'oppression politique  et les inégalités sociales en Haïti, Revue Confluences, 1996.

[6] CHARLES E., Le pouvoir politique en Haïti, de 1957 à nos jours, Kartala, 1994.

[7] Renversement du dictateur Jean-Claude DUVALIER.

[8] LUZINCOURT A.,  A tous ceux qui refusent l'oppression politique en Haïti, op.cit.

[9] Nom donné par J. B. Aristide à son parti politique qui veut dire avalanche.

[10] LUZINCOURT A., Complaintes d'un militant engagé,  Revue Diafrorama, 1992.

[11] CHARLES E., Le pouvoir politique en Haïti de 1957 à nos jours, op. cit.

[12] Partisans zélés de J. C. Duvalier.

[13] LUZINCOURT A., Complaintes d'un militant engagé,  op. cit.

[14] LUZINCOURT A., Complaintes d'un militant engagé,  op. cit.


Bibliograhie

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10 mai 2006

LES ENFANTS DES TRAVAILLEURS IMMIGRES HAITIENS FACE A L'ECOLE FRANCAISE

Doctorat de Sociologie à Paris 5 (Sorbonne)

Titre

Les enfants des travailleurs immigrés haïtiens face à l’école française

Par LUZINCOURT, Fradelais Adrien

Directeur : Bernard Valade

Mention très honorable avec les félicitations des membres du jury à l’unanimité

RESUME

Engager une réflexion sur la situation des enfants des travailleurs immigrés haïtiens  face à l’école française, nous  a permis de comprendre que cette communauté existe bel et bien dans ce pays et essaie à tout prix de s’intégrer. Et comme on le sait, tout enfant qui se trouve sur le sol français a le droit et le devoir d’être scolarisé quelle que soit sa nationalité. En outre, l’école depuis sa création a toujours été considérée comme l’une des institutions –clés de l’intégration française, intégration jugée nécessaire à l’unité nationale. Cela ne va pas sans heurts, car la plupart des élèves étrangers arrivés en France parfois après l’âge d’entrée à l’école,  accumulent rapidement un retard sur l’âge théorique.

Ainsi se sont imposés des courants de pensée visant à modifier les fondements de l’école afin de prendre en compte la diversité culturelle de ses publics. Courants qui s’appuient sur une appréciation sommaire de l’échec scolaire des enfants étrangers qui considèrent leur « étrangeté » comme cause de cet échec et débouchent sur deux thèses idéologiquement antagonistes. L’une dénonçant l’inadaptation de l’école aux spécificités des enfants qu’elle scolarise  et préconisant des mesures particulières à leur intention, l’autre attribuant à leur présence le dysfonctionnement de l’institution et incitant à leur exclusion.

D’un autre côté, nier l’école serait une contre-vérité. Cependant affirmer qu’elle est en corrélation avec l’appartenance ethnique est tout aussi erroné. Comment expliquer l’échec massif des enfants du milieu populaire et comment y remédier ? Pourquoi parmi ces enfants il y en a qui réussissent ?

Pour mieux comprendre ce problème, deux concepts sont à analyser : celui de reproduction et celui de handicap socioculturel. Pour Pierre Bourdieu et Jean- Claude Passeron, les normes à l’aune desquelles l’école juge de la compétence culturelle des individus sont, en fait, celles de la classe dominante de sorte que les enfants des différentes classes sociales se trouvant à une distance inégale de la culture scolaire, réussissent à l’école. L’école contribue  à  reproduire la hiérarchie des positions sociales. Elle contribue aussi à légitimer la hiérarchie sociale.

Beaudelot Christian et Roger Establet développent une autre forme de la théorie de reproduction, fondée non plus sur la transmission d’un capital culturel familial, mais sur les besoins de la division capitaliste du travail. On prétend que l’école est unique : en fait, elle est divisée en deux réseaux opposés et étanches : le réseau secondaire – supérieur et le réseau primaire-professionnel, qui répartissent les individus entre travail intellectuel et travail manuel.

Pour nous , ces problématiques de la reproduction et du handicap socioculturel ont mis à mal trois questions fondamentales : celle de la singularité, celle du sens, celle du savoir.

Au cours de cette recherche, plusieurs points ont été abordés tels que : le problème de la langue, les conditions de vie des familles, la scolarisation des enfants … Pour beaucoup de familles à plus de 60%, la langue constitue une barrière, un handicap. Car pour ceux qui viennent  dans le cadre de regroupement familial, ils ont du mal à s’intégrer véritablement à l’école. Les enfants parlant le créole, n’arrivent pas à faire la différence entre le français et la langue en question. Il faut savoir que le créole emprunte certains mots au français. La langue peut être aussi source de conflit entre enfants et parents. Il faut savoir que si les parents sont souvent, à juste titre, fiers des progrès rapides de leurs enfants en français, ils ont en même temps honte de leur propre lenteur à acquérir cette même langue qui semble si facile à leurs

enfants. Ils en sont parfois même complexés  comme  ils disent et se sentent « bêtes », « stupides ». C’est pour cela que les enfants sont toujours en conflit avec leurs parents par rapport au langage.

Le problème de l’accompagnement scolaire a été abordé.  On constate une satisfaction des parents. Les enfants qui étaient en échec, qui grâce au soutien, arrivent à réussir à l’école. Bon nombre d’enfants haïtiens se sont livrés à eux-mêmes et ces maisons de quartier sont une sorte de « refuge » pour certains parents qui ne disposent pas un temps nécessaire pour s’occuper de leurs enfants.

L’appartenance à une catégorie sociale n’est pas souvent la cause de l’échec scolaire. Toutefois, une corrélation aussi forte, aussi permanente conduit à considérer l’échec scolaire dans son rapport à la société, aux classes sociales à ne plus enfermer ce phénomène ni dans la seule école ni bien entendu dans des manques strictement individuels. Cette corrélation est mise en évidence encore aujourd’hui dans les études statistiques annuelles réalisées par la Direction de l’évaluation et de la prospective du ministère de l’éducation nationale.

Dans notre recherche, on s’aperçoit que le niveau d’études atteint par la mère est en corrélation avec l’échec scolaire. On peut tout de même remarquer contrairement à Haïti, ce sont les filles qui réussissent le mieux à l’école. Elles sont en majorité du côté des enfants qui sont nés en France.

L’échec scolaire n’est pas une fatalité. On ne peut pas comprendre l’échec scolaire de ces enfants si on ne tient pas compte de ce qui se passe réellement à l’école. C’est ce que nous avons essayé de faire en s’intéressant aux trois acteurs en présence à savoir : l’enfant, la famille, l’institution scolaire.

75% des enfants qui viennent  dans  le cadre de regroupement familial ont redoublé le CP. Parallèlement, les enfants nés en France connaissent un meilleur sort. Ils sont au nombre de 25% à redoubler le CP.

Comprendre le problème de l’échec scolaire, c’est d’abord analyser sa logique propre, sa genèse spécifique. Cela implique que l’on étudie l’échec ou la difficulté scolaire, non pas comme absence de réussite, mais comme expérience, événement, une série d’événements dans une histoire personnelle qui doit être posée dans son contenu propre. En gros, les enfants haïtiens manquent un certain nombre d’atouts pour réussir à l’école. Mais il faut leur comprendre à partir de ce qu’ils sont et non à partir de ce qui leur manque.

Les élèves en difficulté donnent sens à tout ce qui fait sens pour eux. Ils veulent aussi qu’on les comprenne et leur donne les moyens pour réussir.

Pour parer à l’échec scolaire, beaucoup de parents haïtiens recourent à l’école privée. Là encore, c’est un parcours du combattant. On a vu des jeunes qui attendent deux voire trois ans pour enfin trouver une place dans une école privée. Parmi les interviewés, il n’ y a que 2% qui fréquentent l’enseignement privé.

Bien qu’elle ne traduise pas un choix idéologique, l’utilisation temporaire du secteur privé constitue en réalité pour beaucoup de familles un recours en cas d’échec.

Les enseignants font face à de multiples problèmes divergents dans une salle de classe. Déjà, les élèves sont divergents de par leur culture. Dans ce cas, il faut trouver des techniques appropriées pour chaque élève. Et ce n’est pas sans raisons que les jeunes nous font savoir : ils travaillent bien à l’école quand les prof expliquent bien. Il faut trouver les moyens efficaces pour que les élèves apprennent. Changer de méthode de travailler, faire acquérir d’autres connaissances, ne pas rester figer sur une méthode, améliorer le sens de savoir-faire, être attentif à la progression de chacun.

Sans nul doute, les enfants des travailleurs immigrés haïtiens sont en situation d’échec scolaire en France. Notre souci premier était de comprendre pourquoi il y a autant d’enfants qui ne réussissent pas à l’école. En même temps, l’histoire singulière de certains d’entre eux. Parmi ces jeunes, il y en a qui veulent bien  s’en sortir et ils demandent de l’aide. Ils ne sont pas tous responsables de leur sort. Il s’agit là encore de traiter l’élève de famille populaire non comme un objet passif, mais comme un acteur dans sa propre histoire. Malgré toutes ces difficultés, il y en a qui réussissent à l’école. Et que le stéréotype immigrés = échec scolaire a beau constituer une fausse évidence, car la réalité n’est que cela.

Nous avons aussi posé le problème de la violence à l’école, de l’orientation et  tout ce que les familles se posent comme problèmes, car leur souci, c’est de voir leurs enfants réussir.

Certains parents haïtiens ont un mauvais souvenir de l’école, car eux-mêmes, ils étaient en situation d’échec scolaire. Ils continuent à dire que l’école sert à exclure et non à intégrer dans cette société.

Les jeunes des travailleurs immigrés haïtiens continuent à vivre sur le territoire français tout en souhaitant un changement dans leur vie. Quant aux parents, le projet de retour tant souhaité n’aura pas lieu, car la situation ne va pas s’améliorer du jour au lendemain en Haïti.

Notre souhait, c’est de voir un jour les associations haïtiennes et toutes les personnes qui s’intéressent à cette communauté de se  pencher sur leur sort pour leur plein épanouissement  dans la société.

Finalement, disons que l’échec scolaire nous concerne tous. L’échec scolaire est l’échec de l’école dans sa contradiction entre l’intention d’instruire et l’impuissance à y parvenir.

3 novembre 2005

Haïti, un pays en péril

La situation devient de plus en plus difficile dans les pays sous-développés. Chacun d'entre nous a un rôle à jouer. C'est ainsi qu'au cours d'une enquête effectuée en Haïti, j'ai constaté que pus de 60% des enfants ne savent ni lire ni écrire dans une région qui s'appelle TI BWA DOM. J'ai mis sur pied une association qui s'appelle CAPPEH pour aider les plus pauvres.Un projet d'école est en cours pour que les enfants puissent fréquenter l'école, car l'école est la clé du développement dans une communauté.

Luzincourt Adrien

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LUZINCOURT Adrien
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